samedi 8 septembre 2012

Petit précis de zoologie en zone scolaire (épisode 1)


Le kakou

Le kakou (on dit moins la kakoute : pourtant certaines filles font le kakou) est un animal de taille et de corpulence variables s’épanouissant dans les atmosphères tempérées des salles de classe. Plus la température monte, plus le kakou se kakouïse.
Le kakou atteint sa maturation à l’âge de 15 ans, lorsqu’il entre au lycée, et se maintient dans son état de perfection kakou jusqu’à 18 ou 22 ans, selon son talent à se faufiler à travers les mailles du filet scolaire.
Les synonymes de kakou sont : chieur, tête de nœud, bogoss, enculé de sa race, caïd, branleur, petit con, fouteur de merde ou gros relou selon le locuteur et son degré d’exaspération.
Tous ces termes s’emploient également au féminin et les kakous en utilisent certains.
Il arrive que les kakous, se reconnaissant entre eux, émettent des bruits proches de l’articulation que les naturalistes transcrivent d’ordinaire par wesh wesh.

Attitude

Le kakou se tient mal en classe. Il bouge tout le temps, prend ses notes sur ses genoux, interrompt le cours par des remarques déplacées pour s’attirer les rires de ses camarades et ne peut pas s’empêcher de faire le malin. Lorsqu’on lui demande de se taire, le kakou dit que c’est trop abusé.
Le kakou a un temps de concentration très court et, même sommé de la boucler, balance des conneries comme s’il était programmé pour pourrir la vie de la classe.
À retenir : – le kakou se définit avant tout par sa revendication personnelle de l’espace, temporel, spatial et social.
– le kakou agit comme un coucou dans une horloge : il est remonté pour sortir mécaniquement des conneries.

Reproduction

Il arrive que les kakous se reproduisent entre eux, mais rarement en salle de classe.
On suppose plus benoîtement que le kakou est issu d’une machine à kakous (ne pas confondre avec une boîte à coucou).

Inadmissibilité

1. Inadmissibilité généralement reconnue

Les professeurs vous le diront : les kakous sont usants, et on en vient rapidement à les détester parce qu’ils empêchent de travailler. Si le kakou devient intenable, on tente même de l’expulser de son habitat naturel, en ayant recours à ce procédé que les naturalistes appellent l’exclusion de cours.
Le kakou se laisse cependant rarement faire et, lorsqu’il est en forme, essaie d’échapper à ses chasseurs. Il recourt lui à plusieurs types de ruses :
– l’embrouille : le kakou répète c’est pas moi qu’ai parlé, c’est pas moi qu’ai parlé. Si le professeur maintient la sanction, le kakou prend à partie ses amis kakous et essaie de fomenter une révolution en se levant et en hurlant au scandale.
– la tchatche : le kakou essaie d’être gentil avec le professeur qui n’a rien compris, msieu on parlait du cours, franchement laissez-moi une chance, jpromets jvais mcalmer.
– l’usure : le kakou refuse de sortir, reste collé sur la chaise, ancre ses deux pieds sur le sol, écarte bien les jambes, croise les bras et dit jpartirai pas.
Ces trois procédés sont généralement aléatoirement combinés par le kakou.
Le professeur, face à ces ruses kakoues, peut solliciter l’aide d’adjuvants souvent prompts à devenir des opposants, à savoir : les autres kakous (chances de réussite : 0,1%, sur un malentendu) ; les autres élèves ; les délégués de classe ; les surveillants ; les CPE ; le proviseur ; le Président de la République (qui connaît généralement bien les kakous, soit parce qu’il en est un lui-même, soit parce qu’il en a dans son gouvernement).

(Célèbre kakou de 1806. A l'époque cependant, on
levait encore le doigt pour avoir le droit de s'exprimer.)

2. Neutralisation des kakous

            On n’attrape pas un kakou dans sa classe comme on chope un rhume en hiver.
Le kakou reste là toute l’année, sauf s’il plante un autre kakou ou un professeur avec un stylo, un couteau ou un cédé de Sexion d’Assaut.
Parmi les procédés notables de neutralisation des kakous, notons :
        – L’exclusion.
     – Le plan de classe : placer le kakou entre Marie-Angélique Wagner, qui fait latin-allemand-option lourde, et Brigitte Duchmolle, l’ennemie personnelle du kakou qui une fois lui a versé une bouteille d’eau sur la tête et lui a ruiné sa permanente.
Ces deux profils se présentent cependant plus rarement dans une classe que celui du kakou, qui a plutôt tendance à (ne pas pouvoir) encadrer Marie-Angélique Wagner. Par ailleurs, dans la mesure où le kakou a la voix qui porte, il se fout un peu de sa place dans la classe tant qu’il en a pour s’exprimer.
     – La force de l’autorité professorale (hurlements de rire).
    – L’humiliation : ce procédé prend du temps et demande au professeur d’imaginer tout un scénario pervers pour que le kakou, rendu ridicule aux yeux de ses camarades, n’ose plus l’ouvrir de peur d’être vilipendé par iceux. Ce procédé est risqué s’il est éventé en salle des profs (le professeur devient alors lui-même un paria kakou qui a perdu son étiquette politiquement correct) ; il demande un fort taux de machiavélisme et/ou de désespoir.
     – Les sédatifs : cette méthode n’est pas légale.
     – La corde à linge : il paraît que cette méthode n’est pas légale non plus.
    – Le passage en boucle d’un cédé de Céline Dion (cette méthode oblige aux dangers collatéraux).
     – Michelle Pfeiffer.

(hurlements de rire)

3. Vraie inadmissibilité du kakou

Cependant ce que ratent généralement les professeurs, c’est l’inadmissibilité esthétique du kakou.
Attention : il ne s’agit pas de prétendre que le kakou s’habille mal ou est affreux à regarder. Il y a en effet des kakous laids et des kakous beaux, même s’ils fréquentent les mêmes crémeries.
Ce qui ne change pas en revanche, c’est que le kakou, issu de sa machine à kakous, est interchangeable et indissociable d’un autre kakou dans l’espace de la classe. Le kakou agresse : c’est un fait – par son attitude, son manque de respect, son vocabulaire et son insolence.

(Professeur se prenant trop pour Michelle Pfeiffer
dans Esprits rebelles.)

Mais il agresse aussi parce qu’il est à lui-même sa propre caricature (un peu comme certains professeurs : voir un article suivant). Le kakou manque très cruellement d’originalité : alors même qu’il revendique une place d’exception dans l’espace-classe, il imite exactement celui de la classe d’à-côté ou du jour suivant (il y a des kakous du jeudi et du kakou du lundi, des kakous de la salle 121 et des kakous de la salle 227b ; et ainsi il n’y a pas une meilleure cuvée kakoue qu’une autre).
D’où cette hypothèse : ce qui pourrait détruire le kakou de l’intérieur, serait de prendre conscience qu’il n’est qu’un nain de jardin monté sur ressort et bande-magnétique.
Ou pas.

lundi 6 août 2012

Les Chevaliers du Zodiaque, Le Film (3)


Screenplay #2 – « Les Chevaliers d’Or »

Les Douze Maisons, c’est un peu la quête initiatique de nos héros qui se battent au nom de la divinité de Saori, en laquelle ils croient, et non pour leur propre ambition. L’épisode des Maisons du Zodiaque est donc structuré autour du thème de la foi et de l’amour (attention, ce n’est pas Twilight 5) : l’intérêt d’en faire un film et de déplier l’action comme un chemin de croix à 4 est de montrer que les souffrances du corps ne sont rien en regard de la force psychique qu’il faut déployer pour vaincre. Le réalisateur rêvé pour faire le film ne peut donc être que Mel Gibson (bien sûr tenu en laisse par Joss Whedon) !

Les Chevaliers d’Or sont comme la garde suisse du Vatican : ils portent des tenues improbables et ne savent pas bien ce qu’ils gardent (ni son âge) ni pourquoi ; mais ça a un rapport avec une vague puissance divine qui anime leur armure. Par conséquent leur gloire n’est pas d’être invincibles mais de comprendre la puissance dont ils sont les dépositaires : battre un Chevalier d’Or c’est donc juste se montrer digne d’en être un à son tour, pour protéger ce en quoi on croit et ceux que l’on aime. Ainsi tout le film repose sur le motif de la foi en la divinité et en le couple : Seiyar pensant à Saori, Shun et Hyoga (si, si), Shiryu et Shunrei.

(Michel-Ange avait dessiné les tenues de la garde suisse ;
il a également accepté de réaliser les costumes du film)

En un mot, l’intrigue se résume à atteindre le temple du Grand Pope, pénétrer le sanctuaire où déposer sa requête auprès des dieux, comme par exemple la guérison miraculeuse de Saori. L’intrigue politique parallèle liée au maléfique Grand Pope peut donc attendre le film suivant. Pour l’heure, il s’agit de traiter le passage des Maisons dans l’atmosphère d’un film d’épouvante, et certains chevaliers (tels le Cancer) comme des démons, auxquels les héros n’échappent (ou pas…) que par leur amour du devoir.

Action ! Pas de générique initial : le film #2 commence sans transition sur Shiryu gravissant une montagne et portant son armure et celle de Seiyar. Maître Yoda lui a promis qu’il saurait trouver le chemin qui conduit à celui qui sait réparer les armures et dont parle la légende. Or les Armures de Pégase et du Dragon sont celles qui ont le plus souffert des combats – on peut revoir, de façon analeptique, quelques coups qui leur ont été portés dans l’épisode précédent. Shiryu affronte des ennemis et en triomphe : comme il est aveugle, il n’est pas victime des illusions placées sur son chemin par Mû, le réparateur d’armures. Dans le dessin animé, Mû est fragile, féminin, a des cheveux violets et une sagesse zen. Lucy Liu, bonjour.

(Pour le port de cornes on avait initialement pensé à Robert Pattinson, 
mais ça aurait été l'enfer avec Kristen Stewart sur le tournage.)

Après avoir éprouvé le courage, la détermination et l’esprit de Shiryu, Mû accepte de réparer les armures ; et quand Shiryu s’en va avec Pégase et le Dragon rutilants, Kiki, le jeune garçon qui assiste Mû (et que nous allons rebaptiser Kevin parce que Kiki, franchement), a ce bref dialogue avec son maître:
KEVIN : Maître Mû, le reverra-t-on un jour?
MÛ : Plus vite que tu ne crois.
[Le premier qui ajoute : « Mais lui ne nous verra pas » est prié de verser une obole permettant la réalisation de la tétralogie.]

GÉNÉRIQUE COSMIQUE

Les Chevaliers de Bronze décident (sur l’ordre de Saori, de plus en plus associée à Athéna), de se rendre en Grèce, au Sanctuaire, pour rencontrer le Grand Pope et lui demander des comptes sur sa gestion des Chevaliers d’Argent. Au pied des Douze Maisons, gardées par les douze Chevaliers d’or représentant chacun un signe du Zodiaque, et menant en montant par un interminable escalier écrasé par la soleil jusqu’au palais du Grand Pope, les Chevaliers de Bronze rencontrent Marine qui les décourage de tenter l’ascension – la coquine sait des choses qu’elle ne révélera qu’au film suivant.
Sur ces entrefaites, des Chevaliers d’Argent attaquent nos héros ; si ceux-ci parviennent à s’en débarrasser, en revanche Saori a pris dans le sein gauche une flèche d’or. Et seul le Grand Pope peut la sauver ; les Chevaliers de Bronze ont douze heures devant eux, dit le Chevalier d’Argent avant de mourir. Une heure par maison, symbolisée par une flamme dans les douze sections d’une horloge. « Après, quand flammes toutes éteintes, Athéna couic » : le Chevalier d’Argent meurt avec le même talent d’actrice que Marion Cotillard dans Dark Knight Rises.
Kevin reste avec Marine surveiller le corps de Saori (on ne sait jamais quel nécrophile peut passer). Et nos quatre héros se dirigent vaillamment vers la première maison.

            LE BÉLIER
Surprise, c’est Mû. Il est toute belle dans son armure dont le col a des cornes monstrueuses. Kevin, venu dire bonjour, constate que les armures de Hyoga et Shun sont un peu craquelées aussi. Mû leur dit qu’il ne s’oppose pas à leur passage, et leur propose au contraire de donner un rapide petit coup de perceuse pour réparer tout ça. Aussitôt dit, aussitôt fait : les Chevaliers s’en vont, moins d’une heure plus tard, gambader sur les marches de la maison suivante.

          LE TAUREAU
       C’est Idris Elba qui les accueille et leur interdit de passer, corseté dans son armure pleine de dentelles dorées ; lui est fidèle au Grand Pope, pas comme cette tapette de Mû. Mais il leur dit aussi qu’ils n’arriveront jamais en haut, car ils n’ont pas, comme les Chevaliers d’Or, le septième sens, celui qui permet de ne pas se fier à ses yeux, mais seulement à son cosmos, pour décupler sa puissance. Shun tente le coup mais se fait rétamer (comique de répétition), et c’est Seiyar qui combat contre Aldébaran. D’abord défait, Seiyar convoque tout son cosmos, découvre le Septième Sens, et coupe l’une des cornes du casque du Taureau du tranchant de la main. Impressionné, Aldébaran reconnaît leur valeur et les laisse passer : car les Chevaliers d’Or respectent peut-être le Grand Pope, mais ils ont aussi la sagesse attachée à leur condition.

(Les adolescentes en chaleur hurleront à la lune.)

LES GÉMEAUX
On le sait, le Chevalier des Gémeaux, c’est le Grand Pope – enfin, Saga le Chevalier des Gémeaux ayant tué le Grand Pope pour prendre sa place, comme on le verra dans le film suivant. Mais présentement on ne voit pas l’ombre d’un Chevalier d’Or, car la maison du Gémeaux est un labyrinthe jouant à perdre ses visiteurs dans des dédales cosmiques. Revenus à l’entrée, les Chevaliers de Bronze constatent qu’il y a en fait deux maisons des Gémeaux (subtil) ; et Hyoga et Shun vont d’un côté, et Shiryu et Seiya de l’autre (les nuls restent entre eux, en somme). Et ainsi chaque couple est confronté à l’apparition dans sa maison de l’armure du Gémeaux – mais ce sont des illusions : le Grand Pope les gouverne à distance.

Shiryu n’y croit pas, parce qu’il ne la voit pas et ne sent aucune puissance, et il parvient à convaincre Seiyar de continuer sans se préoccuper de ce qu’il voit. En revanche Shun et Hyoga sont un peu trop cons pour passer outre, et l’armure des Gémeaux met Hyoga à terre. Shun, enfin, doit se battre – c’est sans compter le Grand Pope, qui les envoie dans une autre dimension : Hyoga, blessé, disparaît, et Shun atteint le Septième Sens (ce qui révèle qu’en réalité il est très puissant quand il s’y met). Sa chaîne nébuleuse traverse l’espace et le masque du Chevalier des Gémeaux pour frapper (délicatement) le Grand Pope jusque dans son sanctuaire. Shun franchit donc la maison sans encombre, inquiet cependant de la disparition de son « ami ».

         LE CANCER
        Shiryu et Seiyar entrent dans le temple ; le Chevalier du Cancer, alias Masque de Mort, apparaît et leur explique qu’il est le maître des Enfers – c’est Colin Farrell qui s’y colle.

     Shiryu enjoint Seiyar de gagner la maison suivante, et Masque de Mort envoie Shiryu aux Enfers, où il lui met une branlée. Mais Shunrei, qui a senti le danger, engage un combat mental avec Masque de Mort, qui finit par la tuer psychiquement en la poussant à se balancer dans une cascade. Cependant, parce que Masque de Mort manque des qualités morales nécessaires aux Chevaliers d'Or, son armure l'abandonne : ainsi il faut mettre en évidence que les armures ont une vie propre, et qu'elles se retournent parfois contre celui qui les porte – si bien que personne ne peut posséder une armure d'Or.

(Le côté bad boy un peu sale,
c'est parfait pour le Maître des Enfers.)

      Shiryu peut donc combattre à armes égales contre son adversaire et le tue. Son âme réintègre son corps dans la maison du Cancer, au moment où Shun y entre – et comme Shiryu avait retrouvé la vue aux Enfers, il la retrouve aussi dans la vie réelle.

           LA FIN
     Hyoga, à peine blessé, reprend connaissance dans un temple inconnu. Lorsqu’il se relève, il voit l’armure d’or de la Balance, montée sans son Chevalier. La Balance représente la Justice, comme Athéna, murmure Hyoga, qui sent soudain un danger. Il recule et des bruits de pas se font entendre derrière l’armure de la Balance, dans l’obscurité de ce temple inconnu.
Fondu au noir : un plan sur Saori blessée, un plan sur les quatre lumières éteintes dans l’horloge au bas du sanctuaire, un plan sur le Grand Pope et chacun des chevaliers restants, avec les coups de l’horloge sur la bande-son – on finit sur Kristen Shun Stewart s’inquiétant pour Hyoga, parce qu’il/elle ignore où est passé son ami. Et l’image finale : un traveling autour d’un immense cube de glace dans lequel est enfermé le corps sans vie de Hyoga.

À suivre : screenplay #3, « Le Grand Pope »


lundi 9 juillet 2012

Les Chevaliers du Zodiaque, Le Film (2)

Screenplay #1

1. L’argument

    Avant de rédiger le scénario, il faut s’assurer que le projet est viable, autrement dit que le spectateur américain moyen a déjà vu le film, sinon il flippe à mort et il a l’impression de regarder du Woody Allen, et ça, ça l’envoie aux urgences psychiatriques. Or les créatures mythologiques ont assez curieusement la cote auprès des majors, le kitsch assez prodigieux de ce type de projet ne paraissant effleurer personne – quand il nous frappe nous avec un gros parpaing. Ainsi, un ado se découvrant des pouvoirs et même une ascendance dans le panthéon grec, utile pour lutter contre les méchants, compose une trame narrative idiote qui a déjà convaincu une équipe entière de tournage ; qu’on se souvienne de l’autrement mythique Percy Jackson, adapté des romans de Rick Riordan par le réalisateur de Harry Potter 1 et 2 (non, ce n’est pas une référence), pour la Fox. Cette hypo- ou supoproduction (laissons l’appellation « superproduction » aux productions super) a permis d’engranger 226 millions de dollars de recette.



     De même, des machins scandinaves en armure se disputant les faveurs paternelles est l’argument shakespearien (selon son réalisateur : Kenneth Branagh) de Thor, franchise de la Paramount, qui a rapporté 449 millions de dollars. Ceci montre que le ridicule, loin de tuer, rapporte de la maille !

     Alors qu’un Thor 2 est en production (ce qu’on appelle un double tort) une simple équation impose Les Chevaliers du Zodiaque sur grand écran : de la mythologie à effets spéciaux + les acteurs de la génération Twilight + d’immenses talents de scénariste et de casteur = franchise en tétrapack pour 4x plus de bonheur.

2. Découpage de la tétralogie : épisode 1 – "Les Chevaliers de Bronze"



     Le film#1 reprendrait la formule classique éprouvée par Harry Potter 1 des héros extraits du cadre spectatorial de la normalité pour finalement basculer dans le n’importe quoi (vous êtes enlevés par un géant qui sent mauvais et qui vous habille en robe). Le film commence avec le Chevalier du Sagittaire remettant le bébé Saori-Athéna et son armure d’or à M. Kido, afin qu’ils les sauvent tous les deux du Grand Pope. Cette scène d’ouverture a deux avantages : 1) Elle pose d’entrée le Grand Pope comme le méchant 2) Elle pose d’entrée l’armure d’or (on ignore qu’il y en a davantage) et la petite Saori comme des objets de convoitise.

     Générique cosmique. Les fans bavent dans la salle, et la génération Twilight, que nous appellerons ici en bon simply-marketing le « public cible », se passe le pop-corn en essayant de savoir si le voisin a compris ce qui se passait et où sont Bella et Jacob. Notons que l’intérêt de cette production réside dans son argument viril du combat pour la gloire, propre à attirer, grâce à un effet palimpsestueux de casting, la frange plus masculine du public de Twilight. Puisqu’il s’agit de l’adaptation d’un manga pour garçons, un « shônen », exit les sagas familiales où l’on rencontre l’amour de sa vie à 11 ans et où l’on pouponne dans l’épisode 4.

     Passée la scène d’intro, on arrive dix-huit ans plus tard, et nos héros se préparent au tournoi qui verra l’attribution des armures de Chevaliers de bronze. Pendant les combats, on a des flash-back inadmissibles avec filtre de couleur attributive (argenté pour Pégase, bleu pour le Cygne, vert pour le Dragon, et rose, bien sûr, pour Kristen Andromède Stewart) afin de bien comprendre qui ils sont et quel univers traumatoceptif est le leur : Shiryu et sa cascade, Hyoga et sa maman, Pégase et sa Marine, Shun et son frère qui s’est sacrifié pour lui en allant sur l’Île de la Mort – filtre orange. Et alors qu’ils viennent de gagner leur armure respective (une box en métal qui fait sac à dos), pof, d’infâmes malandrins volent l’armure d’or qui trône dans le Colisée.


     Ni une ni deux, armures de pouvoir, hop, les quatre héros se mettent à la poursuite des voleurs. C’est la séquence des Chevaliers noirs. On vous la fait rapide : notre cible va hurler de terreur et d’indignation parce que Shun va prendre une branlée, que Seiyar va choper la peste noire et que Ikki est un gros enfoiré. Comme il faut fondre pas mal d’épisodes en un, par esprit de synthèse on dira qu’ici Ikki est blessé à mort par Seiyar, et qu’il meurt dans les bras de son frère en se repentant de sa méchanceté apprise sur l’Île de la Mort. Naturellement, la dénonciation en sous-texte de la culture des enfants-soldats, juxtaposée sur un pastiche ironique de l’Île aux enfants, sera présente dans tous les esprits.
     Puis tout va bien, on rentre à la maison avec l’armure d’or. Mais les Chevaliers d’argent envoyés par le Grand Pope viennent pour réclamer l’armure d’or avec des mines patibulaires : nos adolescents attardés se battent contre deux adversaires redoutables, Shaina-Lady Gaga et Algol de Persée (Grant Gustin, vu en méchant machiavélique dans Glee, a signé le contrat hier).

He is a smooth criminal.

     [Nous avons beaucoup discuté du découpage des épisodes de la tétralogie, et il apparaissait qu’on ne pouvait pas balancer le Sanctuaire et les Douze Maisons comme ça, au débotté, dans le premier film. Ce dernier se doit d’introduire vraiment les enjeux métaphysiques, cosmogoniques et politiques de la bataille du Sanctuaire – et les yeux crevés de Shiryu, qui marqueront à vie la cible comme elle nous a marquée. Les yeux crevés de Shiryu, c’est comme la mort de Jim Morrison pour la génération qui a précédé, comme la mort de Dumbledore pour celle qui a suivi. C’est à la fois, tragique, incompréhensible et très pur (comme la bonne héroïne).]

Quel montage. Quel homme.

     Donc Seiyar se bat contre Shaina, Shun est transformé en pierre (par chance Kristen Stewart a l’expression faciale d’un caillou), on ne sait plus où est Hyoga, et quand Seiyar succombe à son tour au regard de Méduse, Shiryu se retrouve seul pour sauver ses amis. Il les sauve aveugle, naturellement.
     Saori dit que le Grand Pope est en pleine dégénérescence ; on se la coule douce avec du sirop de grenadine, Shiryu va voir Shunrei et son maître Yoda de façon à intercaler un charmant intermède bucolique. Mais cette fois-ci c’est le Chevalier d’or du Lion (Sam Worthington vient de confirmer sa participation) qui s’amène pour réclamer l’armure. Il faut voir que tout le film est construit sur cette progression qui dévoile peu à peu l’organisation du cosmos Chevalier : les Chevaliers de bronze, les Chevaliers d’argent, le Chevalier d’or – en fait les Chevaliers d’or.


Les filles ont toujours été fans du chevalier du Lion.
Avec Sammy, elles seront servies.

     Bref, Sammy envoie devant lui des Chevaliers d’argent, dont l’un qui fait beaucoup de flammes. Tout le monde prend cher (sauf Shiryu, qui est rentré voir Shunrei et Yoda), Ikki renaît de ses cendres à cause du brasier allumé par le Chevalier d’argent, et vient sauver la mise en s’alliant avec Shun (la génération Twilight twitte « Tro génial CDZ ça fé tro dé frisson #éfékisscool »). Les Chevaliers d’argent sont morts et sur ces entrefaites arrive le Chevalier du Lion. C’est Saori qui l’amadoue en faisant jouer ses cheveux et en lui expliquant que son grand frère l’a sauvée, elle, Athéna – prosterne-toi, noble mortel – alors que le Grand Pope voulait la tuer, et que, donc, c’est le Grand Pope qui a maravé la tête de son grand frère – Le Chevalier du Sagittaire ! (C’est la première fois que Jennifer Lawrence aura une telle révélation à faire sur un écran de cinéma ; parce que « je vais gagner les Hunger Games », personne n’y croit.) Ici le film doit sentir la fin, avec nos héros blessés, Ikki revenu comme le phénix et soutenant son frère, Shiryu courant les retrouver, de la musique épique, un gros incendie dans la forêt, Sam Worthington qui pleure, Saori qui fait bouger ses cheveux, et la génération Twilight qui comprend que son signe du zodiaque est représenté par une armure d’or, et qui perçoit enfin tout le génie de cette histoire.
    Clac, Grand Pope. Le Chevalier du Lion n’est pas content et vient se plaindre. Mais le Grand Pope lui démonte la tête, s’insinue dans son cerveau et le rend… méchant.
     Fin du film.

Prochain épisode : Le film #2



mercredi 4 juillet 2012

Les Chevaliers du Zodiaque, Le Film (1)



     Les inadmissibles sont aussi la tribune des fantasmes et projets les plus fous. Or, à mesure que l’industrie cinématographique progresse dans les effets spéciaux mais peine à trouver des scenarii originaux, il n’est que temps d’aborder sérieusement la question de l’adaptation américaine du manga Les Chevaliers du Zodiaque.
     Or après le succès public suscité par la sortie en ligne des épisodes de la série animée en abrégé par notre collègue StateAlchemist, voilà qu’un clip bien inspiré d’OrelSan, pour le titre Ils sont cool, achève de remettre la franchise culte des années 80 sur le devant de la scène. Mettant donc fin à plus de 20 ans de frustration des fans à travers le globe, nous avons décidé de prendre le chevalier du taureau par les cornes et de réaliser nous-mêmes l’adaptation !


Le casting






     L. et B. étaient au bord de la piscine. Il faisait 45°C. Ils avaient chaud, mais à cause de toute la coke qu’ils venaient de se sniffer. Ils déliraient sur l’Apocalypse, Saint Jean, Platon et Plotin. Puis ils discutèrent du dernier film avec Kristen Stewart et se dirent que cette fille ressortissait de l’air con primé. On devrait la faire tourner, dit B. Dans un truc, tu vois.
      C’est ainsi que l’épopée des Chevaliers du Zodiaque, Le Film commença.
     L. et B. discutèrent toute une journée sur le bord de la piscine des hauteurs de Mullholland Drive et prirent des couleurs écarlates qui les firent triper une semaine entière.
B. : L’argent n’est pas un problème. J’ai mes entrées à la 20th Century Fox.
L. : On pourrait prendre Easton Ellis comme producteur.
     Ils topèrent là. L’argent ne serait jamais un problème, ils avaient la meilleure touch scénaristique du West Hollywood et ils étaient les rois du monde.
B. : Stewart, on en fait quoi ?
L. : Saori c’est pas possible. Tu sais, le film va manquer de personnel féminin et comme il y a cette androgynéité des chevaliers…
B. : Non, tu veux dire ?
L. : Oui, je veux dire.
     Donc Kristen Stewart jouerait Shun, le chevalier d’Andromède à l’armure rose ; le rôle était pour elle, rien à faire. B. et L. se dirent sans doute que, sur le coup, les fans crieraient à la trahison. Mais ensuite ils s’y feraient.
L. : Le génie trahit souvent, mais ne trompe jamais.
B. : Ouais. On va faire une tétralogie, et quand on se rendra compte à l’épisode 4 que Stewart est Hadès, ce sera trop génial.
L. : Il faut juste qu’entre l’épisode 1 et l’épisode 4 Stewart apprenne à jouer l’être le plus puissant de l’univers.
B. : J’avoue, c’est pas gagné.
     Mais ils étaient chargés à mort, rien n’allait les arrêter et tous les défis leur paraissaient possibles. Le casting pouvait commencer – du cinq étoiles, du sur-mesure, le gratin du gratin.
     Soyez prêts.

Les chevaliers de bronze

     1. Seiya
« – Mon Dieu, Seiyar, fais attention.
– Mais enfin, Shun, tu sais que je suis le meilleur che… Aïe.
– Ton orgueil te perdra, Seiyar.
– Ta gueule, Shiryu, regarde devant toi. »




          Taylor Lautner

   Pour jouer le chevalier Pégase, il fallait un acteur connu de la génération Twilight, capable d’apprendre à tous ces adolescents en culotte courte la valeur inestimable des Chevaliers du Zodiaque ; un acteur tête-à-claques comme Seiyar, brun et lisse comme lui. Donc Taylor n°3, le Lautner.

     2. Shiryu
« – Et oui, chevalier Gorgone, pour te vaincre, j’ai dû me crever les yeux.
– Mais enfin, tu es vraiment con – tu aurais pu simplement me tourner le dos.
– Tu es un gros cochon, Gorgone, et tu vas mourir ! »


     Lee Byung-hun
   Cet acteur sud-coréen présente à la perfection la beauté fine, exigeante, et le corps remarquable de Shiryu. Bien sûr, il faudra bien bosser l'anglais pour la promo du film, mais pareils abdos démontrent une certaine capacité à fournir des efforts soutenus.

     3. Hyoga
« – Voici, Maman, cette rose que je t’apporte sous l’eau entre mes dents.
– Hyoga, si tu parles sous l’eau, tu vas mourir.
– Maman ? C’est toi ?
– Mais non, gros con. C’est le Verseau. Continue, tu es à deux doigts du zéro absolu de l'intelligence humaine ! »


     Cam Gigandet
     Ce vrai blond aux yeux bleus a su tourner avec Amanda Bynes ; c’est donc un acteur talentueux, qui incarnera à merveille le maître du froid. Et puis il a aussi joué dans Twilight, alors bon.

     4. Shun
« – Oh, je suis désolé(e), je t’ai fait mal ?
– Heureusement, chevalier Andromède, puisque nous sommes adversaires ! Mais tu m’as à peine égratigné parce que tes attaques sont nulles.
– Ça va, alors. J’espère que… Aïïïe ! »



     Kristen Stewart
     Shun, tout le monde le dit, c’est une fille. Pour jouer dans une armure rose le chevalier Andromède, il fallait au moins Kristen Stewart, qui a par ailleurs déjà tourné en armure et attirera les feulements des fans de Twilight. Stewart est un peu trop virile pour le rôle sur cette photo, mais elle fera moins la maline avec les cheveux décolorés.

     5. Ikki
« – Tu vas mourir, chevalier Andromède !
– Ah, non, pas encore, je…
– Lâche-le, chevalier, ou je te carbonise la face. Mon petit frère est tout ce qui me reste et je reviens d’entre les morts pour le protéger !
– Oh non, le chevalier Phénix ! Les flammes de l’Enfer s’abattent sur moi ! »



     Mark Salling
     Pour incarner Ikki, il fallait quelqu'un avec de la présence, une voix grave et un air de bad boy. Mark Salling et son blouson en cuir feront parfaitement l'affaire.  


Les femmes


     1. Saori
« – Mets-toi à quatre pattes, Shun. Tu seras le cheval et…
– Mais Saori, nous n’avons plus dix ans. Tu es maintenant l'incarnation de la déesse Athéna.
– Shun, ça suffit, je suis capricieuse et insupportable. Tu me dois obéissance, vermisseau. »


     Jennifer Lawrence
     Nouvelle égérie des jeunes, Jennifer Lawrence a la beauté et la fraîcheur nécessaires pour incarner la muse des Chevaliers. Comme elle peut avoir tendance à agacer, elle sera parfaite dans le rôle, et s’accordera à merveille avec Taylor Lautner.

    2. Shaina
« – On ne frappe pas les femmes, mais je suis un goujat et tu veux me tuer.
– Seiyar, tu as osé m’ôter mon masque ? Maintenant tu dois m’épouser, ou mourir !
– Mourir me semble la seule option possible, Shaina. »


     Lady Gaga
     Le coup de génie de ce casting. Lady Gaga aime les déguisements improbables, et lequel surpasse celui de la tigresse Shaina ? Bien sûr, elle devra porter un masque pendant tout le tournage, mais enfin, qui s’en plaindra ?

     3. Marine
« – Frappe encore dix fois dans ce rocher, Seiyar, afin que tes poings soient plus durs que lui.
– Es-tu ma soeur, Marine, ou juste une facilité de scénario?
– Tais-toi, petit frère, et ne regarde pas les cochoncetés que je fais avec le chevalier du Lion.»




     Jessica Alba
     Encore une femme à masque ; heureusement, Jessica Alba a aussi un corps à tomber par terre.

     4. Shunrei
« – Oh, Shiryu, où sont tes yeux ?
– Je n’ai pas besoin de mes yeux pour savoir que tu n’as pas encore préparé le repas ni fait la lessive. Au travail, femme ! »


      Zhang Ziyi
     Zhang Ziyi est la seule actrice à pouvoir revaloriser ce personnage de femme au foyer insipide. On lui donnera plein de scènes de combats et elle bottera le cul des Chevaliers avec ses arts martiaux.

Les chevaliers d’or

     1. Le Grand Pope
« – Enlève ton masque, que je te nique la tête !
– Quel masque, Seiyar ? Puisque je suis plusieurs dans ma tête.
– Raaaaah non, je meurs, encore une attaque psychomentaliste ! »


     Jérémy Irons
     On ne verra jamais son visage, mais sa voix et son cabotinage splendide suffiront à glacer le sang.

     2. Aldebaran du Taureau
« – Si tu veux me battre, tu dois découvrir ton sixième sens !
– Qui n’est pas le sens esthétique, si je puis me permettre, vu la laideur de tes sourcils.
– Chut, Shun, on ne parle pas comme ça à un chevalier d’or ! »


     Idris Elba
     Idris Elba a la carrure nécessaire pour le personnage, et a déjà porté une armure d’or dans une super-production, avec – il faut le dire – un très beau port de cornes. Cette fois-ci, il n’aura pas les yeux rouges ni une casquette à l’envers ; car ce film, une fois n’est pas coutume, respectera les acteurs.

     3. Aphrodite des Poissons
« – Oh, quelles belles roses ? Vous les cultivez vous-mêmes ?
– Oui.
– Comment faites-vous, Monsieur-Dame ?
– Avec ton sang, ducon ! »

     Charlize Theron
     L’impitoyable Aphrodite des Poissons est le plus beau chevalier du monde. Charlize Theron lui prêtera sa froideur, sa taille et sa beauté ; et puis elle pourra enfin maraver la gueule de Kristen Shun Stewart, parce que la baston laissait à désirer dans Blanche-Neige et le Chasseur.

Prochain épisode: Le screenplay.